Journée des droits des femmes : leur place en restauration

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Femme chef en restauration

Ce 8 mars 2022, Journée internationale des droits des femmes, est l’occasion de se pencher sur la place des femmes dans le secteur de la restauration. Longtemps sous-représentées, elles s’installent en cuisine, en salle et aux postes de direction, quitte à bousculer les codes. L’association Elles sont food encourage justement à faire évoluer leur représentation.

Les femmes longtemps sous-représentées dans le secteur

« Dans le secteur de la restauration, les femmes osent moins. Mais pourquoi ? Nous sommes aussi nombreuses et légitimes que les hommes. Nous devons nous mettre davantage en avant », annonce Alice, cofondatrice de l’association Elles sont Food.

Les femmes et la restauration en chiffres

Alors que 44,8 % des employés du secteur de la restauration sont des femmes, rares sont celles qui accèdent à des postes à responsabilité (cheffe de rang, cheffe de cuisine, cheffe de pâtisserie).

 

« Contrairement aux professions de serveurs, d’employés de l’hôtellerie ou d’employés polyvalents de cuisine, la part des femmes est très faible parmi les chefs cuisiniers récemment recrutés », rapporte le dernier bilan Pôle emploi.

 

En cuisine, les chefs hommes représentent 83 % des effectifs, contre 17 % de femmes. Pourtant, elles sont de plus en plus reconnues par la profession. Sur 638 restaurants étoilés dans le Guide Michelin en France en 2021, 36 femmes en sont à la tête, contre seulement 18 en 2018.

Femme cheffe qui manage son équipe

Des parcours encore semés d’embûches

De plus en plus de femmes entreprennent une carrière dans l’univers de la gastronomie. Mais leurs projets professionnels demandent une véritable détermination. « Les parcours professionnels des femmes sont souvent semés d’embûches », confirme Alice, cofondatrice de l’association Elles sont Food.

 

Pour celles qui osent franchir le pas, l’association remarque encore qu’une restauratrice a plus difficilement accès à des moyens de financement qu’un homme. « Pour débloquer un prêt, certaines ont dû se rendre accompagnées de leur conjoint à leur rendez-vous chez le banquier. En présentant seules leur projet, il leur était plus difficile d’obtenir un financement », explique Alice.

 

Créée en 2017, l’organisation Elles sont food réunit des femmes issues de tous les métiers du secteur de la food (cheffes, gérantes, consultantes, communicantes…). L’objectif : s’unir pour réinventer la place des femmes en les encourageant dans leurs projets professionnels.

8 mars 2022 : plus de visibilité pour les femmes

De plus en plus de femmes en cuisine

« Aujourd’hui, il y a autant de femmes que d’hommes dans les parcours des écoles type Ferrandi ou des écoles hôtelières classiques », déclare la cofondatrice de l’association.

 

Motivées par de nouveaux exemples de réussite au féminin, comme les cheffes Stéphanie Le Quellec, Tabata Mey, ou la cheffe pâtissière Julia Sedefdjian, les jeunes filles ont enfin trouvé des modèles qui leur ressemblent.

 

« Dans les salons comme Taste of Paris, on a aussi pu constater la participation de beaucoup plus de femmes l’an dernier », souligne fièrement Alice.

 

Une évolution positive qu’elle explique par le changement de format. En effet, autrefois les chefs invités devaient être présents sur la totalité du salon, aujourd’hui ils peuvent être présents sur des créneaux plus courts ce qui leur permet de se libérer plus facilement. « Pour les femmes, cela constitue le compromis parfait. Elles sont très impliquées dans leur travail en cuisine et ont du mal à se libérer pour participer à des événements », analyse l’experte.

 

Enfin, le travail des journalistes femmes aide aussi à une meilleure représentation. C’est le cas par exemple d’Estérelle Payany qui a coécrit le livre Cheffes avec Vérane Frediani pour mettre en avant la cuisine des femmes en France.

 

D’autres personnalités participent également à revaloriser la place des femmes dans le monde de la restauration. C’est le cas d’Adeline Glibota et de son podcast Girls in Food.

Le parcours inspirant de Naïs Pirollet

En 2021, Naïs Pirollet remporte le Bocuse d’Or France. À 23 ans, la benjamine du concours est ainsi devenue la première femme à représenter l’Hexagone dans l’histoire de la compétition. Coachée par la cheffe Tabata Mey, elle remporte ainsi une victoire qui mérite d’être soulignée en cette Journée des droits des femmes.

 

Sortie major de sa promotion de l’Institut Paul Bocuse en 2017, la jeune cheffe débute sa carrière aux côtés du chef étoilé David Toutain à Paris en tant que second de cuisine. Puis, en 2020, elle rejoint l’équipe du restaurant Saisons, une étoile au Michelin. Un parcours prometteur et inspirant pour cette cheffe dont on n’a pas fini d’entendre parler.

Encore plus de représentation féminine à l’avenir grâce à l’entrepreneuriat

Femme cheffe en cuisine avec son équipe

Pour se forger une place dans ce milieu principalement masculin, de plus en plus de femmes ouvrent leur propre établissement. « Bien que notre communauté ne soit pas représentative de tout le secteur, la plupart de nos membres sont gérantes ou cogérantes de leur établissement », précise l’association Elles sont Food.

 

Une façon efficace de faire sauter le plafond de verre en créant un lieu qui leur ressemble. Un cycle vertueux, puisqu’à leur tour ces femmes n’hésiteront pas à s’entourer de consœurs dans leurs cuisines, en salle ou du côté de la gestion, renforçant encore la place des femmes dans le secteur de la restauration.

 

« Au final, l’adversité nous donne de la force et l’envie d’avancer », conclut la cofondatrice de l’association.

Ce 8 mars 2022, comme tous les autres jours de l’année, les femmes mettent en œuvre leur savoir-faire. En cuisine, en salle ou à la gestion des établissements, elles n’ont pas fini de faire rayonner le secteur de la restauration !