Cuisine fumée : donnez une nouvelle saveur à vos plats

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Chef qui prépare un plat fumé

Le fumage améliore la conservation des aliments et renforce la complexité des mets. Un matériel et des techniques simples suffiront pour donner du relief à vos menus. Tour d’horizon de la cuisine fumée !

Le fumage

Le fumage, aussi appelé boucanage ou encore fumaison, modifie le goût, mais aussi la couleur des aliments selon le temps d’exposition à la fumée. « La viande fumée, on connait, le saumon fumé aussi mais on peut fumer n'importe quel aliment ! La limite, elle est dans la tête ! Mettre du foin dans un fumoir ou une cocotte et laisser la fumée envelopper vos légumes pour leur donner un goût unique ! » explique à France Bleu, Florian, chef de l'Abenfant, rue de l'Amiral Roussin à Dijon.

Une pratique culinaire ancestrale

Tout comme la salaison et le séchage, le fumage est une technique ancestrale de conservation des denrées, les bactéries étant détruites par la fumée. Tout aliment peut être fumé : poisson, viande, fromage, légumes, tofu, thé et même fruit. Aujourd’hui, il est pratiqué avant tout dans un objectif d’aromatisation des mets.

Une tradition gastronomique

Cette technique est indissociable des cultures gastronomiques. En Europe du Nord, elle est couramment utilisée pour le poisson, comme le saumon et le hareng. En Europe du Sud pour la charcuterie et le fromage : saucisse de Montbéliard de Franche-Comté fumée par bois de résineux, scamorza afumicata italienne fumée au laurier ou à la paille. Dans la cuisine espagnole, le pimenton, paprika fumé, est un ingrédient-phare, notamment utilisé pour la fabrication du chorizo. Aux Etats-Unis, pour de nombreuses viandes et sauces, comme la sauce barbecue.

La cuisine fumée : une tendance en plein essor

Le fumage est revenu la mode, notamment dans les grandes tables étoilées, pour son apport organoleptique, son jeu sur les couleurs et les textures. Le chef David Martin, deux étoiles à La Paix à Anderlecht (Belgique) considéré comme le « roi du fumage », utilise par exemple les pieds de vignes de Bordeaux comme aromates. Le chef suédois Magnus Nilsson cuit les noix de St Jacques sur un feu de branches de genévrier, en hommage à sa Suède natale. Le fumage est aussi pratiqué en mixologie pour parfumer les cocktails. Les mets fumés sont parfois servis à table sous cloche pour un effet visuel spectaculaire.

Intégrer la cuisine fumée dans votre menu

Fumer des aliments n’est ni compliqué ni onéreux. Il suffit d’être bien équipé en cuisine pour pouvoir explorer les saveurs fumées.

Chef dans une cuisine professionnelle qui prépare des aliments fumés

Le matériel

  • Les fumoirs existent en différentes tailles et peuvent être électriques ou équipés de brûleurs à alcool. On les trouve aussi sous forme de gril ou de barbecue vertical à charbon.

  • Les pistolets à fumer ou les pipes à fumer permettent une fumaison rapide pour finaliser une cuisson ou parfumer les sauces ou encore les cocktails. À associer avec une cloche pour concentrer la fumée.

  • La sciure est utilisée pour le fumage à froid, car sa combustion ne diffuse pas de chaleur. Différentes essences sont disponibles comme le bois d’oranger pour une touche d’agrume ou le bois de quebracho pour un boisé intense. La sciure est parfois composée d’un mélange de bois et d’épices ou d’herbes aromatiques pour enrichir la palette d’arômes.

  • Les copeaux sont utilisés pour le fumage à chaud. Toutes sortes d’essences de bois sont proposées : le plus courant est le hêtre mais aussi le cerisier. Le choix du type de bois est primordial, car certaines espèces, au parfum fort, peuvent couvrir les arômes d’un met délicat. Le chêne sera, par exemple, utilisé pour le gibier et la viande. Sont également utilisés des pellets, chunks et planchettes de bois.
Tranche de saumon fumé sur une nappe blanche

Le fumage à froid

Le fumage à froid demande une température inférieure à 30° pour éviter toute cuisson de l’aliment. Il ne dénature ni la texture ni la saveur. Après salaison ou saumurage, exposez l’aliment à la fumée obtenue grâce à la combustion de sciure de bois. Traditionnellement, sont fumés à froid les poissons (saumon, anguille, truite ou hareng), la viande (magret de canard, lard, jambon) et le fromage (scamorza). Sortez des sentiers battus en utilisant des fruits de mer, des œufs ou même des fruits.

Le fumage à chaud

À partir de 40°, les graisses commencent à fondre, initiant la cuisson lente qui permet de cuire à cœur sans brûler l’aliment. La température doit se situer entre 60 et 130°. Comme pour le fumage à froid, il convient de préalablement saler l’aliment pour diminuer la quantité d’eau et faciliter la pénétration du goût de fumée. Faites tremper les copeaux pour éviter une combustion trop rapide. Placez les aliments à plat ou suspendus et surveillez la température avec un thermomètre sonde. La durée de fumage peut durer quelques dizaines de minutes pour une sardine à plusieurs heures, voire jours, pour une viande.

Saumon, jambon, les aliments fumés sont très appréciés des Français. Faire votre propre fumage est un vrai atout face à des consommateurs toujours plus en attente de plats fait-maison !